L’électrification rurale en Afrique représente un levier nécessaire à l’amélioration des conditions de vie des populations et accélérer le développement du continent. Bien que l’accès à l’électricité reste une problématique importante, particulièrement dans les zones rurales, les progrès réalisés ces dernières années témoignent de l’impact positif que l’électrification peut avoir. Cette transition énergétique contribue non seulement à la modernisation des infrastructures, mais aussi à la création d’opportunités économiques et sociales pour les communautés rurales. En revanche, la mise en œuvre de tels projets exige des investissements considérables et une gestion rigoureuse, tant au niveau des financements que des infrastructures nécessaires pour garantir l’accès à une électricité fiable et durable.
Quel impact l’électrification rurale en Afrique peut-elle avoir sur les populations ?
Améliorer les conditions de vie de la population africaine rurale
Electrifier des zones rurales a un réel impact positif sur la population, disposant de moins de moyens financiers qu’en ville.
Outre le fait de pouvoir s’éclairer à tout moment de la journée, l’électricité permet aux entreprises de développer leur activité et donc de créer des emplois et de la richesse.
De plus, l’électrification rurale favorise l’accès aux soins pour tous : un centre médical raccordé à l’électricité contribue à mieux soigner les patients. Au Cameroun, par exemple, le raccordement à l’électricité du centre médical du village de Batchenga a permis une forte hausse de consultations. Les patients n’ont plus à se déplacer à l’hôpital de district situé loin de chez eux pour effectuer leurs examens médicaux.
Au Niger, cela a permis de pouvoir stocker des vaccins dans des réfrigérateurs. Le centre médical de Kankandi ne pouvait accueillir les patients que la journée avant d’avoir accès à l’électricité. Dorénavant, le centre est ouvert même la nuit, ce qui a presque doublé le nombre d’accouchements quotidiens effectués au sein du centre.

Limiter l’exode rural
Les zones rurales peu développées souffrent d’un exode massif des jeunes vers les villes, en quête d’un avenir meilleur.
Electrifier ces zones est un des meilleurs moyens pour contrer ce phénomène. En effet, construire et/ou développer un réseau électrique permet de créer des emplois. Tout d’abord pour entretenir le réseau, une partie de la population peut avoir accès à des formations puis être embauchée. Et ensuite, parce qu’une région électrifiée permet aux entreprises de s’installer et de se développer, dynamisant ainsi le territoire.
Au Niger, l’histoire d’Abdoul Kader Amadou Labo en est l’exemple : après des études réussies dans une grande ville, il revient dans sa région natale pour développer une activité dans l’installation électrique des bâtiments. Grâce à la création d’une centrale solaire dans la région, il a pu former les jeunes de son village aux énergies renouvelables.
L’exemple d’un financement réussi d’électrification rurale en Afrique
Ce n’est pas une surprise, un projet d’électrification rurale coûte cher. Des investissements financiers conséquents sont nécessaires pour dimensionner le projet, construire et/ou adapter des infrastructures électriques, raccorder la population, etc.
Néanmoins, il existe des organismes qui ont vocation à financer ce genre de projet, tels que la Banque Mondiale.
La Côte d’Ivoire, un projet financier réussi pour l’électrification rurale
La Côte d’Ivoire a mis en place une politique d’investissement dans le secteur de l’énergie depuis plusieurs décennies. Outre la construction d’infrastructures électriques tels que des centrales hydrauliques qui ont permis au pays d’être presque indépendant vis-à-vis des énergies fossiles (notamment du charbon), le gouvernement a mis en place des programmes spécifiques tel que le Programme Electricité pour Tous (PEPT) qui facilitent l’accès à l’énergie pour les ménages Ivoiriens.
De plus, la Côte d’Ivoire et la Banque mondiale collaborent depuis longtemps dans le secteur de la construction d’infrastructures électriques. Grâce aux investissements de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement (BAD), d’autres institutions financières ainsi que des acteurs des secteurs public et privé ivoiriens, le pays a atteint un taux d’accès à l’électricité de 71 %, bien au-dessus de la moyenne de l’Afrique subsaharienne (50 %).
En octobre 2023, l’IFC (Groupe de la Banque Mondiale) a annoncé un investissement majeur de 48,8 millions de dollars dans une obligation destinée à lever des fonds pour financer le raccordement à l’électricité de 800 000 ménages à faibles revenus, principalement dans les zones rurales. Cette obligation a été émise par véhicule de titrisation, expliqué par l’IFC de la manière suivante :
« La titrisation consiste à regrouper et transformer en titres négociables des actifs non liquides. Dans ce cas précis, les versements perçus dans le cadre des contrats conclus avec la Compagnie ivoirienne d’électricité viendront rembourser les coûts des raccordements au réseau ayant été préfinancés pour les ménages à bas revenus. »
Grâce à cette expérience réussie, l’IFC est en mesure de déployer ce genre de collaboration avec d’autres régions. Le Togo notamment, a manifesté son vif intérêt pour ce type d’opération.
Toutes ces actions permettent à la Côte d’Ivoire d’élargir l’accès à l’électricité aux ménages défavorisés, et ainsi améliorer le niveau de vie du pays tout en développant son activité économique.
En conclusion, l’électrification rurale en Afrique représente un levier essentiel pour le développement des zones rurales et la réduction des inégalités entre les zones urbaines et rurales. Grâce à des investissements ciblés et une gestion efficace des ressources, des projets comme ceux menés en Côte d’Ivoire, au Niger ou au Cameroun montrent que l’accès à l’électricité peut transformer durablement les conditions de vie des populations. L’amélioration des infrastructures permet non seulement de stimuler l’économie locale, de créer des emplois, mais aussi d’améliorer l’accès aux services essentiels comme les soins de santé. En outre, l’électrification joue un rôle clé dans la lutte contre l’exode rural, en offrant aux jeunes la possibilité de se réaliser dans leurs propres communautés. Toutefois, pour que ces projets se poursuivent et se multiplient à travers le continent, un soutien financier constant et des partenariats stratégiques restent nécessaires. L’électrification rurale est ainsi un vecteur de modernisation et d’espoir pour l’avenir des populations africaines.